
Via Maestra 19, 10050 Novalesa
La reconstruction de l'église paroissiale de Novalesa a entraîné la démolition de la chapelle des Disciplinants du Saint-Sacrement, contiguë à l'église du XVIIe siècle, à laquelle les confrères ont consenti à condition que la communauté fasse construire une nouvelle chapelle en dehors du corps de l'église. Les travaux se sont déroulés dans la dernière décennie du siècle, à la fin de ceux de l'église principale. De taille respectable et dotée d'une sacristie, une profonde tribune y a été réalisée, accueillant les bancs des confrères (encore existants : essentiels, avec siège à banc et ornés seulement d'une volute sur le côté), sur les murs desquels un cycle thématique cohérent avec l'intitulé de la Confrérie a été peint, constitué des figures des Apôtres peintes sur les murs. De la commande du XVIIe siècle de la Compagnie des Disciplinants, née, très probablement, en 1597 à la suite de la visite pastorale de 1584 qui avait constaté son absence, on peut se faire une idée grâce à la documentation d'archives et à quelques pièces significatives conservées dans l'église même. Parmi celles-ci, il faut rappeler le retable d'autel en bois représentant la communion d'une sainte, signé "Dufur pingebat 1708". Le schéma constructif du retable d'autel reprend la typologie des retables de la Maurienne. Deux paires de colonnes torsadées, reposant sur des plinthes élevées et couronnées de chapiteaux corinthiens, encadrent le tableau central; au-dessus de celui-ci, soutenu par une riche architrave, domine un tympan constitué, comme dans les retables d'Avrieux et de Termignon, par deux volutes et un "petit retable"; ce dernier est flanqué de petites colonnes torsadées et est terminé par un fronton brisé. Latéralement, la structure est complétée par des ailes à volutes sinueuses. [...]
La structure examinée, à laquelle dans les plus grands autels s’ajoutent des sections latérales avec statues dans des niches et sur le couronnement (comme dans l'autel démonté de la paroissiale de Giaglione), représente le résultat désormais fixé d'un processus évolutif mûri en Maurienne au cours du XVIIe siècle, avec des caractéristiques particulières mais aussi en harmonie avec des phénomènes répandus dans tout l'arc alpin. Sur la base des modules contre-réformistes reçus dans la première moitié du siècle grâce aux interprétations de Jean Clapier et de son atelier, se sont greffés, par le travail d'autres dynasties d'artisans, des apports complexes non encore totalement définis dans leurs provenances et dans le temps, qui ont conduit à des résultats proches de ceux observables dans le voisin Dauphiné. Des modèles désormais canoniques étaient offerts aux sculpteurs savoyards par le Livre d'architecture de l'architecte et sculpteur ducal François Cuénot (actif dans les territoires savoyards entre 1638 et 1687). En l'occurrence, la formulation et l'exécution virtuose de l'appareil décoratif (des pampres nerveux et légers sur les spirales des colonnes à la forme sinueuse des ailes, du cadre ajouré du tableau central à tout le système de volutes, rinceaux, chardons et palmettes qui qualifient et habillent chaque surface), ainsi que le style des parties figuratives (voir les têtes de chérubins dans les bases des colonnes), permettent des comparaisons sûres et précises avec les œuvres produites par les sculpteurs Bernard Flandin, Sébastien Rosaz et Jean Simon pour l'église paroissiale de Termignon.
La figure de l'Éternel bénissant penché sur le "petit retable" du couronnement rappelle de près l'image similaire figurant sur l'autel du Rosaire à Termignon, où sont intervenus les artisans susmentionnés en 1676. Ainsi, l'autel de la confrérie de Novalesa peut être attribué au groupe des Flandin, Rosaz, Simon, ou du moins à ceux d'entre eux qui, comme Rosaz et Flandin, ont prolongé leur activité jusqu'au début du XVIIIe siècle. Du même environnement provient également le tableau central, dont l'auteur appartenait à une famille d'artisans connue pour d'autres œuvres dispersées dans la haute vallée de l'Arc.
Cfr Valle di Susa Arte e Storia dall'XI al XVIII secolo, Torino 1977, article de Guido Gentile.