
Frazione Melezet, 10052 Bardonecchia
La paroissiale de Saint-Antoine Abate se dresse dans le centre historique du hameau de Melezet, signalée par le clocher à ceux qui parcourent la route menant au chef-lieu.
La paroisse de Melezet est née en 1487 par détachement de Bardonecchia. Cette année-là, les travaux
de construction de la paroissiale ont également commencé, mais ce n'est pas celle actuelle. En effet, l'édifice originel a été lourdement endommagé par l'incendie furieux qui, en 1694, a détruit une grande partie du village. Il a donc été nécessaire
de construire une nouvelle église, pour laquelle de nombreux matériaux de l'ancienne ont été réemployés, parmi lesquels la flèche du clocher. La nouvelle construction s'éleva peu loin de la précédente, sur un terrain spécialement donné par une veuve du lieu.
La façade principale est caractérisée par un portique, accessible par deux escaliers symétriques en pierre avec une balustrade en calcaire. La façade est ensuite complétée par un fronton à pignon, avec une fenêtre en arc
encadrée de deux cadrans solaires et d'une niche vide, qui contenait à l'origine la statue en bois de la Vierge à l'Enfant, maintenant conservée au Musée de l'Art Religieux Alpin toujours à Melezet.
L'église conserve également un local souterrain, anciennement utilisé pour les sépultures d'hiver, accessible par une petite porte en bois située entre les deux escaliers symétriques extérieurs.
La tour du clocher reprend les caractéristiques architecturales du roman dauphinois. Le soubassement,
assez haut et compact, est marqué seulement par quelques étroites meurtrières et est couronné par une corniche au profil arrondi en pierre, au-dessus de laquelle se développent deux autres niveaux. Le premier présente trois ouvertures à bifora, avec une colonnette et un chapiteau en chevalet en pierre, tandis que le deuxième niveau présente des ouvertures similaires à bifora et est couronné par une corniche sur des consoles en pierre. La flèche octogonale en pierre, particulièrement élancée, présente huit grandes ouvertures (dans ce cas bouchées), à la base d'imposte et quatre autres plus petites vers le sommet. Les quatre acrotères qui se trouvent normalement aux coins de la base sont ici remplacés par des pinacles travaillés et tournés, signes de la reconstruction tardive baroque. À l'intérieur, l'édifice se développe selon un plan à trois nefs terminées par l'abside rectangulaire. L'ensemble de la structure est dominé par la sculpture sur bois, présente non seulement sur les retables de l'autel majeur et des autels latéraux, mais aussi dans les décorations naturalistes en relief qui suivent les lignes des arcs et des pilastres de la zone du presbytère. Le retable de l'autel majeur fut commandé en 1698 par le curé de l'époque, Jérôme André, à un atelier de Haute-Maurienne : les analogies avec des œuvres similaires réalisées par Sebastien Rosaz pour les autels du Rosaire et de Saint Antoine abate à Termignon sont en effet évidentes. La toile qui enrichit l'autel majeur représente la Vierge à l'Enfant avec Saint Antoine abate et un ange.
Elle fut donnée par Jean Agnés des Geneys en 1698 et est attribuée à l'atelier mauriennais des frères Dufour (Gabriel ?). Les mêmes peintres ont probablement également fourni les toiles pour les autels latéraux, provenant de l'église originale. Parmi ceux-ci, l'autel de Saint Antoine abate est probablement l'œuvre du sculpteur Jacques Jesse d'Embrun, actif dans le dernier quart du XVIIe siècle en Haute Vallée. Parmi les œuvres picturales, on note aussi l'Assomption de la Vierge, réalisée par Paolo Gerolamo della Croce en 1619, et la toile du Crucifix entre les saints Charles Borromée et Bernardin de Sienne, œuvre du troisième quart du XVIIe siècle attribuée à la main de Jacques Roux.
Enfin, il convient de mentionner le baptistère en pierre, datant du début du XVIIe siècle et attribué à l'atelier local des Roude.